La Vita d’Elisabeth de Spalbeek, mystique du 13e siècle et béguine du diocèse de Liège, a été écrite vers 1267 par Philippe de Clairvaux, alors abbé à la maison cistercienne et qui a reconnu en Elisabeth la réplique féminine de saint François d’Assise pour ses stigmates et son interprétation de la Passion du Christ. La version anglaise du texte n’existe que dans un seul manuscrit (la bibliothèque Bodleian, Douce 114) du quinzième siècle en anglais moyen. Le manuscrit contient également les Vitae de deux autres béguines, Christina Mirabilis et Marie d’Oignies. De toutes les femmes dont les vitae sont représentées dans ce manuscrit, celle d’Elizabeth était la plus populaire en Angleterre.
Elisabeth est probablement née dans une famille noble et, bien que béguine, elle ne vivait pas dans un béguinage, mais à la maison, dans la rurale Spalbeek (Belgique), avec sa mère et sa sœur. (Simons, p.135)
Jesse NJUS, dans sa thèse ci-dessous mentionnée, soutient qu’elle fournit un exemple exceptionnel du réseau spirituel décrit par des spécialistes tels que John Coakley et Anneke Mulder-Bakker. Comme ceux-ci l’ont montré, les saintes femmes du Moyen Age – y compris les recluses et les femmes anachorètes – ne fonctionnaient qu’au sein de réseaux spirituels étroitement tissés qui reliaient d’autres mulieres religiosae, des clercs sympathisants et des nobles puissants qui fournissaient un soutien économique et politique en échange des prières et de l’autorité spirituelle de ces femmes. Personne n’a analysé le réseau d’Elisabeth sous cet angle, en partie parce que la source principale de sa vie – le texte de l’abbé Philippe de Clairvaux, qui a rendu visite à Elisabeth en 1266/7 – omet les noms propres de la plupart des gens qui entourent Elisabeth et omet également beaucoup de personnes avec qui elle doit avoir été en contact. En outre, d’importants documents concernant Elisabeth ont échappé jusqu’à présent à toute analyse collective. En examinant minutieusement tous les documents pertinents, Jesse NJUS a toutefois réussi à dévoiler les alliances politiques et spirituelles d’Elisabeth, qui lui ont permis de l’étudier dans son milieu et de fournir une analyse détaillée de son éventuelle influence séculière et religieuse. Il fait valoir qu’elle participait activement à la constitution et à l’extension de son propre réseau à preuve de cette «politique du mysticisme». Cela a conduit cet universitaire à réinterpréter le rôle d’Elisabeth dans le dernier événement de sa vie, la bataille judiciaire française entre la reine Marie de Brabant et le chambellan Pierre de la Broce.
Source: http://www.encyclopedia.com
Waler SIMONS and Jesse NJUS, The Politics of Mysticism: Elisabeth of Spalbeek in Context, Church History (2008), 77:285-317 Cambridge University Press
SIMONS Walter, Cities of Ladies. Beguine communities in the Medieval Low Countries. 1200-1565, University of Pennsylvania Press, 2001