Christina Ebner n’est pas une béguine, mais nous relatons sa biographie pour montrer les passages entre les mondes béguinal et monastique.
Christina nait dans la ville impériale de Nuremberg, enfant du patricien Seyfried Ebner et de son épouse, Elizabeth Kuhdorf. En 1289, à l’âge de douze ans, elle entre au monastère Saint-Jean-Baptiste d’Engelthal, une communauté de religieuses du Second Ordre dominicain située en dehors de la ville. Fondé comme béguinage cinquante ans plus tôt, ce monastère allait devenir, au cours des cent prochaines années, un centre de renommée en matière de spiritualité et d’apprentissage. Selon certains, il aurait très bien pu être le centre le plus important de la vie mystique au début du XIVe siècle en Allemagne, voire dans toute l’Europe.
Moins d’un an après son admission, Christina tombe gravement malade. Cette affliction réapparait jusqu’à trois fois par an au cours de la prochaine décennie. En outre, dans le temps, elle a souvent souffert de diverses maladies. Elle avait des comportements ascétiques rudes, par exemple des flagellations avec des poiles de hérisson. À peu près à la même époque, elle commença à avoir de fréquentes visions religieuses, que son confesseur, frère Conrad de Füssen, l’encourage à écrire. Elle commence donc à écrire son premier livre, Leben und Offenbarungen (Vie et révélations) en 1317. Elle continue à y travailler au moins jusqu’en 1324. En 1338, elle commence une correspondance avec le prêtre séculier Henry de Nördlingen, qui est un propagateur enthousiaste de la spiritualité mystique et de la littérature. Par son entremise, elle commence une correspondance avec la bienheureuse Margareta Ebner, qui était également une religieuse dominicaine activement impliquée dans le mouvement spirituel de cette période, mais Margareta n’était pas de la famille de Christina malgré le même nom de famille « Ebner ».
Vers 1340, Christina commence à compiler le livre des soeurs (Schwesternbuch), un récit des visions mystiques et des expériences de vie des autres religieuses de son monastère, appelé Von der genaden uberlast (Du fardeau de la grâce). Entre 1344 et 1352, elle écrit un deuxième livre de Revelations (Offenbarungen). Elle y traite d’événements historiques et politiques de son époque, tels que les émeutes de Nuremberg en 1348; le tremblement de terre de la même année; le déclenchement de la peste noire; les processions des Flagellants de 1349; et la longue querelle entre l’empereur romain germanique Louis IV et le Saint-Siège. Christina ne se limite pas au rôle de spectatrice. Elle s’intéresse profondément aux événements, développe ses propres opinions à leur sujet et tente même activement d’influencer leur cours. À ce moment-là, sa réputation s’était largement répandue dans le nord de l’Europe. En 1350, l’empereur Charles IV lui-même vint lui rendre visite au monastère, cherchant sa guidance et ses prières. En 1351, elle est finalement visitée pour la première fois par son confident de longue date, Henry of Nördlingen, qui passa trois semaines en tant que visiteur au monastère. À cette époque, il lui remit une copie de l’œuvre mystique de Mechthild de Magdeburg Das fließende Licht der Gottheit (La lumière fluente de la divinité), que l’on retrouve dans ses œuvres ultérieures et dans celles des autres religieuses de la communauté. Christina meurt dans son monastère d’Engelthal le 27 décembre 1356, à l âge de 67 ans. Jean Taulerio, disciple d’Eckhart, a été son grand ami.
Source: wikipedia