Fille de fermiers, probablement du village de Plambach (près de Vienne), elle pouvait lire mais pas écrire. Elle va vivre à Vienne, où se trouvent beaucoup de béguines. Comme celles à l’esprit libre, Agnès circule librement à Vienne, s’arrêtant plusieurs fois par jour pour prier dans des sanctuaires et assister à la messe dans différentes églises. L’une de ses pratiques de dévotion consistait, après avoir assisté à la messe (et une fois le prêtre parti ), à s’approcher de l’autel et à l’embrasser avec grande manifestation d’émotion (parfois même de danser autour de l’autel), un acte interdit à la femme à l’époque médiévale.
Agnès a été souvent ridiculisée pour son comportement apparemment étrange. Par exemple, un jour, un témoin l’a vue se prosterner devant une fenêtre du sous-sol. Ses détracteurs ont découvert par la suite qu’une hostie volée avait été gardée dans la salle du sous-sol. Son biographe a attribué son comportement à la connaissance divine: Agnès avait senti que le Christ était présent dans l’hostie consacrée. Vita et Revelationes (La vie et les Révélations) d’Agnès ont été écrites par un confesseur anonyme avant d’être transcrites par le moine Ermenrich, puis publiées en 1731 sous le nom de Venerabilis Agnetis Blannbekin.
Elle châtiait avec ferveur ses compagnes béguines dont elle avait jugé l’observance religieuse trop laxiste, ainsi que les religieuses et les prêtres dont elle jugeait les comportements inappropriés. Son confesseur la reconnaît comme l’un de ses propres maîtres, tant pour ses idées spirituelles que pour sa sophistication théologique. Beaucoup de ses visions comportent de moines, de femmes et Jésus dans leur nudité et se caractérisent par un érotisme poussé.
«Les experts modernes sont divisés sur les thèmes et les messages de Blannbekin. La plupart des considérations adoptent un point de vue gynocentrique, par exemple en analysant les images érotiques du Christ dans les termes de la critique féministe…du fait que le féminisme de la troisième vague, du début des années 1990, réintroduisait la positivité sexuelle et que « Life and Revelations » revint au centre de la scène médiévale, son travail a recueilli un soutien considérable. Avant cela, l’érotisme mêlé à des révélations chrétiennes était traité avec dédain… les critiques modernes se préoccupent aussi d’expliquer les préjugés (communs à l’époque) apparaissant dans son travail envers les homosexuels, les lépreux, les juifs et les personnes de couleur. Il s’agit là d’une tare à l’universalité du travail de Blannbekin, mais c’est toujours une occasion pour les érudits de la spiritualité féminine de se plonger dans la vie d’une béguine «étrange» qui présente des sujets d’intérêts communs dans le mysticisme médiéval ».
(sources: Laura Swam, The winsdom of beguines, p.42 et Wikipedia)