Ivana Ceresa nait en 1942 en province de Mantoue, ville où elle habitera par après jusqu’à sa mort, en 2009. Elle, qui dès ses études supérieures aurait voulu devenir théologienne, devra attendre les retombées du Concile Vatican II avant de pouvoir accéder en tant que femme à la faculté de théologie, inaccessible aux femmes jusqu’aux années 70. Elle enseigna donc les lettres avant de devenir théologienne. Son livre « Dire Dio al femminile” (Parler de Dieu au féminin) a été pour plusieurs femmes une prise de conscience du sens de la différence de genre et de la nécessité d’une sortie du patriarcat. Ivana se définissait une béguine et disait : « je suis la béguine de tous les temps, car je suis une béguine un peu en incognito…J’aime à la manière des béguines, de manière anticonformiste et aussi un peu transgressive » (Ivana Ceresa, L’utopia e la conserva, Tre Lune Edizioni, Mantova, 2011). Son amitié avec l’historienne Romana Guarnieri, qui en 1946 a identifié le livre de Marguerite Porete, et avec Luisa Muraro, grande studieuse du mouvement béguinal, a renforcé cette identification. Elle disait « être béguine aujourd’hui c’est continuer le choix de ces femmes, c’est-à-dire vivre dans le monde sans être du monde ». (3) . En 1996, Ivana réalise son œuvre la plus importante : la fondation de l’Ordre de la Sororité de Sainte Marie Couronnée, reconnu par l’évêque de Mantoue, Egidio Caporello, le 18 mars 2002. Dans l’introduction à la Règle de l’Ordre de la Sororité, Ivana se réfère aux béguines du Nord. Tout comme les béguines exprimaient une forte liberté féminine par l’autonomie et l’indépendance à l’égard du contrôle masculin, aussi bien ecclésiastique que civil, de même la Sororité affirme : « Nous sommes des femmes convoquées par l’Esprit Saint pour rendre visible la présence des femmes dans l’Église et dans le monde »